Lake St Clair National Park

Mont King William I


Au petit matin, Dame nature nous rappelle que l'hiver est là. Il fait zéro dehors et 7 degrés dans la tente. C'est humide et il est formellement interdit de faire du feu sur cette aire de pique-nique. On se réchauffe comme on peut en profitant du moindre rayon de soleil qui ose franchir la canopee des Gum tree. Les garçons sont forts et ne se plaignent pas. Marinette doute et semble être la plus sensible à ces conditions rugueuses. Pour ma part, j'ai les pieds gelés mais reste confiant pour la suite. L'anticyclone est bien installé et nous garantit une semaine de grand beau temps... avec des nuits glaciales en altitude. 

On poursuit notre ascension en direction de Lake Saint Clair. Après 10 km de montée on sort de la forêt tempérée de Franklin River. Le paysage s'ouvre. Le soleil nous réchauffe. Ça fait du bien au moral. On franchit le Burn Plains Saddle avec la banane. Nous voilà sur les hauts plateaux à 800 mètres d'altitude. Les paysages sont magnifiques. La Burn Plain est dominée par la chaîne de montagnes King William. Son sommet principal, King William I, nous domine et nous invite à le gravir. 

En attendant, on poursuit et

on se laisse glisser en douceur jusqu'à Navarre River. Petite piste à droite, entre King William Plain et Navarre Plain, le coin est idyllique. Tapis de mousse, forêt d'eucalyptus aux troncs colorés, place à feu et un petit ruisseau à quelques tours de roue. On décide de poser le camp et de profiter de ce petit coin de paradis. Chacun s'affaire à rendre le camp confortable : réserve de bois pour le feu du soir et surtout du lendemain matin, réserve d'eau et installation de la tente. L'eau, le feu, un toit, on va à l'essentiel. Le reste n'est que superflus... sauf le speaker de Gabin qui rythme nos journées au son de La Position du Tireur Couché et autres Jean-Louis Murat. Les derniers rayons de soleil de la journée subliment la forêt d'eucalyptus aux troncs multicolores. On passera la soirée au coin du feu sous une voie lactée d'une netteté absolue.

Au petit matin, la toile de tente est raide comme une feuille de papier. L'ouverture de la fermeture éclair fait craqueler la mince couche de givre. Dehors, tout est blanchi par les fins

cristaux de givre. Les sacoches, les vélos, les toiles tissées par les araignées, la moquette de mousse, tout est prisonnier du givre. C'est magique... c'est frais ! J'allume rapidement un feu pour rendre le petit déjeuner plus agréable que la veille. Chacun est émerveillé par cette atmosphère. Les premiers rayons de soleil tente de frayer leur chemin à travers la brume qui a envahi la forêt d'eucalyptus. L'ambiance est féérique.


On passera deux nuits sur ce bivouac magique qui a le bénéfice d'être sur le chemin d'accès au Mont William I. On consacrera la journée à gravir ce beau sommet dont la face Nord est formée de colonnes de dolorites. Ces orgues naturels m'évoquent les Roches de Tuilière et Sanadoire. L'accès se fait depuis notre bivouac via une piste avant de bifurquer sur un large chemin roulable mais encombré de pierres et de branches. On roule à vélo jusqu'au pied de l'épaule Nord-Est. On pose les vélos. Les 200 derniers mètres sont droit dans le pentu. Sur le versant sud de l'épaule, le sentier est blanc de givre. Au sommet, 1424 m, le panorama à 360 degrés est surprenant pour celui qui ne s'attend pas voir une telle diversité de paysage en un seul lieu. En direction du Sud et de l'Ouest, de vastes étendues de forêts humides surmontées de quelques sommets dont le Frenchmancap. D'ici on apprécie mieux le chemin parcouru de ces derniers jours. A l'Est, lacs, plaines et forêts composent le tableau des Hauts Plateaux. Au Nord, les hauts sommets du Cradle Mountain National Park et son point culminant le Mont Ossa (1617 m).


Ce petit sommet Mont William I, qui semble réservé aux initiés tant le balisage du sentier est inexistant, est emblématique de la Tasmanie que l'on découvre jour après jour. Sauvage, surprenante et d'une grande diversité... Et surtout moins surfait que la NZ. We LOVE TASSIE ! 


PS : on vient de passer le cap des 3000 km et des 30 000 m de D+

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