Easy riding

Kekerengu le 27 mars 2016


Dimanche de Pâques, les Kiwis profitent de ce dernier long WE férié de quatre jours avant l'hiver. Ils quittent la grande ville de Christchurh pour rejoindre leur point de villégiature habituelle. Du côté de Kaikoura les campings sont pleins à craquer. Les grosses caravanes sont serrées comme des sardines.  A se demander si c'est un camping ou un parking de gardiennage pour caravanes. Les gros 4x4 Toyota 6 cylindres qui les tractent ont du mal à trouver une place. Et oui, le Kiwis aime le gros 4X4, avec option parre-buffle, le gros camping car, les grosses caravanes à deux essieux, les gros bateaux et les gros jet ski. Le top du top c'est le 4x4 en roues libres tiré par le campingcar. Et oui, le Kiwi vit à l'américaine ! Il semble peu se soucier du développement durable de la Planète. Du moins, c'est l'impression que nous laissent ces deux premiers mois sur l'île du Sud.

Cela dit, les touristes qui parcourent la NZ ne sont pas en reste. En quelques semaines, la plupart enchaînent à vitesse supersonique tous les sites répertoriés dans leur guide touristique préféré. C'est le tourisme Beep-Beep smartphone !

Pour nous, même si notre bilan carbone ne saurait être équilibré, c'est plutôt train train de sénateur, bivouac grand large et easy riding ! Hier soir, après 40 km le long de la côte Est au bord de Kaikoura on pose le camp sur une immense plage sauvage après le hameau de Clarence. Petit passage étroit sous la voie ferrée, barbelés couchés, pâturage aux grandes herbes sèches, l'accès à la plage est réservé aux initiés ou à ceux comme nous qui ont du flaire. Le coin est sauvage. Des km de plage au sable gris et parsemés de bois flotté de toute taille propice à l'inspiration de nos deux artistes. Ce soir ils sont inspirés pour faire du land art à vocation pratique ! Fauteuil Louis XVI, chaise avec dossier sculpté et banc d'une épure totale, le tout installé autour d'une pièce à feu qui accompagnera notre veillée jusqu'au levé de la pleine lune sur l'horizon du Pacifique.

Ah le Pacifique ! On est loin de l'impitoyable West Coast. Ici c'est sauvage mais reposant. Pas de sand flies, pas de pluie ou très peu, des plages accessibles et une faune sauvage à bout d'objectif. Kaikoura et la pointe de Ohau sont des sanctuaires pour les Seals, petits et grands. On peut si facilement les approcher qu'on en oublie qu'ils sont des mammifères sauvages dont la morsure peut être ennuyeuse. A Ohau River, les pups (bébé Seal) remontent le petit cours d'eau pour aller prendre un bon bain d'eau douce sous la cascade tropicale. Le sentier qui mène à la cascade permet d'observer ces jeux d'eau et d'être à porter de main des pups. Cette proximité avec la vie sauvage est étonnante ! Elle est même déroutante au vu du nombre de personnes qui rendent visite à ces mammifères marins. Cette espèce protégée semble s'accommoder de la présence humaine. Côté mer, les mamans Seals rappellent leur petit par des cris. C'est au son que les pups retrouvent leur mère. Une femelle Seal a une portée d'un pup par an à partir de la quatrième année. Parfois les pups peuvent rester seul pendant plus d'une semaine le temps que maman ravitaille en mer et que papa se fait dorer la pillule sur les rochers. 

Le Pacifique c'est aussi les plages de surfers. On en croisera quelques unes sur notre route. 

Le Pacifique c'est enfin, depuis l'époque des Maoris, une mer généreuse en poissons, crustacés et autres langoustines. Les kiwis perpétuent cette tradition ancestrale de la pêche et notamment de la pêche à la "paua" dans les récifs submergés par les vagues. Masque, palmes et couteaux sont les équipements indispensables pour cette pratique. La "paua" est très recherchée. Sorte de très très grosse huître sans couvercle et remplie d'une chaire noire et pateuse. Ça se mange grillé comme une huître chaude. Leurs coquilles vide sont nacrées et très recherchées... par Gabin et Marius.


Cette mer est si généreuse qu'elle accueille dauphins et baleines, qu'elles soient sédentaires ou migrantes. Des tours operators proposent à des prix prohibitifs des excursionsen en bateau ou en hélicoptère pour observer ces mammifères d'exception. On se contentera d'observer au jumelles des bancs de dauphins joueurs depuis Ohau Point.

Pour rejoindre Kaikoura depuis notre dernière étape à vélo entre Pleasant Point et Timaru on aura outrageusement abusé du bus Intercity. Si de l'extérieur ces grandes étapes en bus peuvent paraître anodines et de bon sens,  elles sont à chaque fois incertaine et stressantes. Voyager avec 4 vélos peut effrayer plus d'un chauffeur, responsable de gérer la soute à bagages. La priorité est donné aux bagages conventionnels. Lui seul décide d'accepter ou non des vélos à bord de son bus. A chaque fois c'est l'incertitude ! Mais à chaque fois on a démontré notre sens de l'organisation et de l'optimisation de l'espace en démontant les roues avants, les pédales et la rotation des guidons à 90 degrés. Bref, en NZ, les étapes en bus, contrairement aux étapes à vélo, sont plus éprouvantes avant que pendant ! Et je ne parle même pas des enchainements d'étape en bus sur deux jours avec bivouac urbain pluvieux dans un espace vert de la ville de Christchurch. Les enfants, eux, ils adorent ! Repas hamburgers à huit heures du soir dans des bars interdits aux mineurs non accompagnés, jeux urbain à l'heure où tous les autres enfants dorment et nuit à la belle étoile sous un arbre. Nos deux gars s'adaptent à toutes les situations sans complaintes.


Petit clin d'oeil à Jack, cycliste de Taïwan, rencontré à Kaikoura et avec qui on a bien sympathisé.