Bay of Fires

Eddystone Point, vendredi 15 juillet.


Notre camp est installé sur le versant Nord de Eddystone Point, à quelques tours de roue du phare éponyme. Deux shacks bordent la piste d'accès à ce petit coin de paradis. L'herbe est verte et tondue à l'anglaise par les Wombats du pays. Dans les airs, les sea eagles nous font comprendre qu'ils sont les maîtres des lieux. Les garçons sont à la pêche aux crabes dans les rochers de granit rougis par le lichen. Au large quelques bateaux de pêche draguent leurs filets. Le soleil entame son inexorable descente sur la ligne d'horizon et embrase notre bivouac. Les ombres chinoises des vélos et de Gabin en roue arrière donnent une touche très personnelle à ce décor. L'instant est magique.

La nuit tombe et la lueur du feu de camp remplace celle de l'astre solaire. Le bruit des vagues et du crépitement des flammes évitent d'être plongé dans un silence complet. Ce sont ces instants paisibles et inoubliables qui viennent sublimer la rudesse de l'itinérance à vélo.


Eddystone Point est la partie la plus septentrionale de Bay of Fires, réputée pour être la plus belle étendue de plages de Tasmanie. Sur près de 40 km, des plages de sable blanc comme la neige de succèdent entrecoupées de rochers de granit rougeoyant. Le décor est propice à la photo carte postale. Ici, le litoral est préservé. Pas d'urbanisation, pas de commerce. C'est le bush !

Seules quelques shacks se fondent dans le décor. Pour dormir, tout est organisé par le Park & Wilderness Service qui aménage des free camp en bord de mer avec emplacements privés et toilettes sèches. Pour ravitailler c'est St Helens ou Gladstone. Pour l'eau, c'est BYO ! Oui, Bring Your Own ! A vélo, difficile de coller à la devise. Alors on improvise. A Cosy Corner, Brice, le pêcheur de Lilydale, nous fournit une bombonne de 25 litres. Il offre également un leurre à Gabin et de précieux conseils... mais en vain ! A Eddystone, on a accès au water tank de la shack de Shon, le fils de Clive & Veronica.


Larapuna, c'est le nom originel de Eddystone Point. C'est la terre des aborigènes... du moins c'était ! 

A l'arrivée des colons, à chaque passage de leurs grands navires, les aborigènes allumaient des feux sur les collines avoisinantes pour prévenir de la menace. Ces signaux d'alerte ont donné le nom à ce lieu Bay of Fire". Cela ne durera qu'un temps. Le peuple aborigène sera par la suite maltraité, chassé puis anéanti. Génocide ? Peu de Tassie osent prononcer ce mot. C'est d'autant plus difficile pour un Tassie d'évoquer ce sujet que la majorité d'entre eux sont descendants de convicts, ces condamnés à des crimes mineurs, envoyés d'Angleterre pour purger leur peine. La majorité était des femmes. Ils étaient transportés par navire pour rejoindre les camps de travaux forcés d'Australie et Tasmanie. La plupart mourait au cours du long voyage. Les vestiges de ces camps sont présents entre autres à Maria Island, Port Arthur, Sarah Island. Les convicts représentaient une main d'oeuvre peu coûteuse pour la construction navale, l'exploitation des mines, les travaux routiers et forestiers. Les Tassie sont donc des descendants de voleurs de poules ! C'est probablement ce qui les rendent aussi "friendly".


Larapuna est une terre aborigène. C'est aussi la limite sud du Mount William National Park. Ce weekend a lieu la journée verte, journée annuelle de nettoyage des plages autour de Eddystone Point organisée par le Parc. Et oui, la Tasmanie est sauvage, mais elle n'est pas épargnée par l'incivilité de certains et notamment des pêcheurs. On se charge de nettoyer les plages et creeks autour du phare. Deux autres groupes sont sur les plages de Deep Creek et Anson Bay. On collectera cinq gros sacs de détritus. Bouteilles en plastique, bouteilles en verre, cordelettes , filets de pêche, ampoules... etc. Bref, le ménage de printemps s'imposait ! La journée se conclut par un petit goûter sur le site du phare avec tous les participants accompagné d'un discours d'accueil et de remerciements par le représentant légal de la communauté des aborigènes du Nord de l'île. Le travail de réconciliation et reconnaissance de l'existence du peuple aborigène est en marche, même s'il est peu probable qu'il aboutisse au même droits acquis par les maoris en NZ.

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Commentaires: 1
  • #1

    papyda63 (lundi, 25 juillet 2016 20:50)

    Avant de partir vous aurez fait votre BA... Marius est radieux avec son pétillant ami à 4 pattes.
    Et que dire de ce "saut de l'extrême"de nos 2 super randonneurs....
    A très bientôt avec tous mes gros bisouxx à vous 4